Bolivar, marin pêcheur endurci, épais, un peu frustre, cherche un coéquipier pour une sortie en mer.  On est un lendemain de beuverie et son acolyte habituel - sans doute en train de cuver quelque part - reste  introuvable. Il convainc presque malgré lui Hector, un adolescent timide et lymphatique d’ embarquer avec lui, malgré la tempête qui s’annonce.

Au-delà de la mer est certes un récit de survie, mais il est beaucoup plus que cela. En plaçant face à face dans des conditions extrêmes deux individus radicalement opposés, autant dans leur moi profond que dans leur manière de réagir face aux éléments, (l’un est pragmatique et ne s’attache qu’à la chose concrète : pêche, écopage, rationnement des denrées… L’autre est mystique, croyant, à la fois fétichiste et fataliste jusqu’au renoncement) l’auteur induit la réflexion, tout en livrant un roman excessivement vivant. En cherchant à approcher le mystère insondable de la condition humaine, il nous laisse comme saisis.

Ce beau roman existentialiste se place dans la lignée des grands auteurs comme Conrad, Hesse ou encore Camus, que Paul Lynch aime tant.